Dissémination du rapport ITIE-BF 2022 : Informer pour une meilleure gouvernance du secteur extractif

Dissémination du rapport ITIE-BF 2022 : Informer pour une meilleure gouvernance du secteur extractif

Le 9 décembre 2024, un atelier de dissémination du 14ème rapport ITIE-BF 2022 s’est tenu dans la salle de réunion de la mairie de Zorgho, organisé par le comité de pilotage (copil) ITIE-BF. L’équipe de mission est composée des représentants du SP ITIE, du copil (Administration publique : DGMG, DGCM, ANEVE), des sociétés minières (CMB), des organisations de la société civile (AFEMIB). L’objectif principal était de partager les informations du rapport ITIE 2022 avec les populations locales, conformément à la Norme ITIE. Une cinquantaine de participants issus de divers horizons étaient présents : autorités communales, services techniques déconcentrés, chefferie traditionnelle, OSC, personnes vivant en situation de handicap et personnes ressources.

Dans une démarche visant à garantir la transparence dans la gouvernance du secteur extractif, ce 14ᵉ rapport ITIE-BF a été produit. Pour faciliter sa compréhension par les citoyens burkinabés, il a été simplifié en français accessible afin d’être diffusé dans les régions, provinces et communes.

Les travaux de l’atelier ont été ouverts par Monsieur Valentin BADOLO, président de la délégation spéciale de la commune de Zorgho, qui a encouragé des échanges francs et constructifs.

Les participants ont assisté à trois communications.

La première communication  a porté sur les origines, les objectifs et l’organisation institutionnelle de l’ITIE, présentée par M. Drissa Konaté, responsable de la Cellule du contrôle interne et du suivi-évaluation du SP ITIE. Il a expliqué que le contexte géologique du Burkina Faso révèle un potentiel varié et important de ressources naturelles à travers le pays, nécessitant une gouvernance adéquate. C’est dans ce cadre que le Burkina Faso a adhéré, en 2008, à la norme internationale Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), une association à but non lucratif de droit norvégien, visant à établir des principes et exigences de transparence reconnus mondialement dans les secteurs du pétrole, du gaz et des mines.

Pour assurer cette transparence, un Secrétariat Permanent (SP-ITIE-BF) a été créé en guise d’organe d’exécution administrative et technique, chargé de coordonner les activités relatives à la transparence des industries extractives au niveau national. Un comité de pilotage (COPIL), composé de 25 membres issus de trois collèges (administration publique, entreprises extractives et société civile, incluant l’AFEMIB), a également été mis en place. Sa mission est d’assurer la mise en œuvre et le suivi de la norme ITIE, tout en publiant régulièrement les données sur les recettes issues de l’exploitation des ressources extractives et les paiements effectués par les sociétés minières à l’État.

La deuxième communication, présentée par Mme ZONGO Priscille, Directrice Exécutive de la Chambre des Mines du Burkina (CMB), portait sur les leviers pour renforcer la contribution du secteur minier à l’économie nationale et locale. La CMB, créée en 2011, vise à promouvoir un secteur minier attractif et compétitif.

Cinq leviers majeurs ont été identifiés :

  1. Respect des obligations fiscales.
  2. Développement du capital humain et transfert des compétences.
  3. Promotion des investissements communautaires à travers des contributions significatives des minières par le FMDL (200 milliards FCFA depuis l’institution du fonds) et en RSE (18 milliards FCFA entre 2016 et 2020).
  4. Soutien à la fourniture de biens et services locaux.
  5. Encouragement des investissements nationaux dans les mines, avec des initiatives telles que 3 mines industrielles détenues par des Burkinabè et des mines semi-mécanisées.

Elle a relevé quelques défis : amélioration de la transparence dans l’utilisation des revenus miniers, adaptation des formations aux besoins spécifiques du secteur, intégration des stages pratiques, et la meilleure valorisation du potentiel minier burkinabé.

La troisième communication a porté sur la présentation du rapport ITIE 2022, livrée par Monsieur Lamoussa Barthélémy OUEDRAOGO, Chef du Département de la norme au SP ITIE-BF. Le rapport ITIE 2022, 14ème du genre, a été élaboré de manière participative, suivant 5 phases principales selon le contenu des TDR adoptés par le copil ITIE-BF pour le recrutement de l’Administrateur indépendant :

  1. Rapport de cadrage, adopté le 6 novembre 2023 par le copil.
  2. Planification et sensibilisation des acteurs concernés à travers un atelier du 22 au 27 janvier 2024.
  3. Collecte des données auprès des sociétés et services étatiques concernés.
  4. Conciliation à travers l’analyse des éventuels écarts et recommandation du 5-7 juin 2024.
  5. finalisation du rapport et son adoption le 11 novembre 2024 par le copil et sa publication en décembre 2024 sur le site de l’ITIE-BF (https://www.itie-bf.bf/ ).

Il a couvert les revenus de l’or et des carrières de janvier à décembre 2022, incluant les flux du Code minier, la fiscalité générale (au-delà de 10 millions FCFA), les prestations publiques, les revenus de capitaux, ainsi que les paiements sociaux, environnementaux et de troc. Il a intégré les entreprises minières dont les contributions dépassent 800 millions FCFA, soit 17 sociétés, et s’est appuyé sur les données de 19 entités publiques. Le rapprochement des paiements a été effectué sur la base du périmètre arrêté par le copil ITIE. L’exercice de rapprochement a permis de couvrir 98,64% du total des revenus extractifs reportés par l’État.

Quelques chiffres clés de l’année 2022 rapporté dans le rapport ITIE-BF

  • Paiement total des 17 sociétés:  453,519 milliards FCFA.
  • Revenus nets générés par le secteur extractif y compris les sous-traitants miniers: 588,57 milliards FCFA
  • Revenus totaux collectés auprès des sous-traitants miniers: 102,132 milliards.
  • Patente collectée :  7 179 493 027 FCFA
  • FMDL versés par les minières : 48 006 564 529 FCFA. Le montant transféré aux communes et régions en 2022 est de 47 604 720 308 FCFA
  • Taxes superficiaires payées par les sociétés minières : 11 333 342 147 FCFA
  • 09 sociétés minières sur les 17, ont versé leur contribution au FRFM dans le compte BCEAO : 10 366 107 607 F CFA
  • Transfert au titre du Fonds de financement de la recherche géologique et minière et de soutien à la formation sur les sciences de la terre dont le FONER : 18 963 964 171 FCFA
  • Sur 17 sociétés retenues, seules 6 ont renseigné le formulaire relatif au paiements effectués aux fournisseurs locaux qui est de 385 819 778 782 FCFA dont une part de 87,69% pour les entreprises nationales
  • Paiements sociaux obligatoires versées par les minières : 27,443 milliards FCFA
  • Paiements sociaux volontaires (RSE) versées par les minières : 1,234 milliards FCFA.

Production d’or en 2022 : La quantité totale d’or produite en 2022 est de 58,16 tonnes avec une exportation de 57,729 tonnes.

Contribution du secteur dans l’économie

  • contribution aux recettes de l’Etat : 469 milliards FCFA, soit 20,9%
  • contribution du secteur minier au PIB : 1 707,30 milliards FCFA soit 14,5%

Situation des emplois directs : Sur les 17 sociétés minières retenues, 14 ont déclaré le détail de leurs employés qui s’élèvent à  9 943 personnes en 2022 dont 95,48% sont de nationalité burkinabè. Les femmes représentent 9,73% des effectifs.

Les débats ont été ouverts après les présentations. Les discussions ont fait ressortir les préoccupations suivantes des participants, qui ont trouvé des réponses fournies par l’équipe de mission, soutenues par certaines personnes ressources :

  • Combien de pays ont adhéré à l’ITIE ?
  • Quelles raisons ont poussé certaines compagnies minières à ne pas fournir leurs données sollicitées dans le cadre de l’élaboration du rapport ITIE ?
  • Quelles actions la CMB entreprend-elle pour que les mines aménagent les routes ?
  • Quel est le lien entre la « malédiction des ressources naturelles » et la mauvaise gestion des ressources ?
  • En quoi l’existence des mines a-t-elle amélioré la vie des citoyens ? Pourquoi observe-t-on encore des conflits dans les zones minières ?
  • Pourquoi le rapport ne met-il pas davantage en lumière les enjeux pour mieux informer les populations au lieu de s’attarder sur ses origines ?
  • Concernant la sous-traitance, pourquoi y a-t-il autant d’intermédiaires, rendant les revenus des employés insuffisants ?
  • Qu’en est-il de l’initiative « Burkina Mine » qui invite à des souscriptions pour la mise en place d’une mine par des Burkinabè ?
  • Pourquoi exiger trois ans d’expérience lors du recrutement, ce qui exclut souvent les jeunes formés localement ?
  • Quels mécanismes sont mis en place dans les communes minières pour assurer le suivi et la gestion des revenus miniers ?
  • Quelles mesures prend l’ITIE lorsqu’elle constate des irrégularités dans la gestion des revenus miniers ?
  • Pourquoi le mode de recrutement des mines limite-t-il l’embauche des jeunes locaux dans les villages concernés ?

L’atelier de dissémination du 14ᵉ rapport ITIE-BF 2022 illustre l’importance cruciale d’informer les citoyens sur la gouvernance du secteur extractif. La transparence et la vulgarisation des données renforcent la compréhension et l’implication des communautés dans la gestion des ressources naturelles. Susciter le débat public permet de mieux cerner les attentes locales, d’améliorer la reddition de comptes et d’encourager une gouvernance plus inclusive et équitable, favorisant ainsi le développement durable au Burkina Faso.

LE CHARBON ÉCOLOGIQUE : UNE SOLUTION INNOVANTE POUR L’AUTONOMISATION DES FEMMES ET LA PRESERVATION DE L’ENVIRONNEMENT

LE CHARBON ÉCOLOGIQUE : UNE SOLUTION INNOVANTE POUR L’AUTONOMISATION DES FEMMES ET LA PRESERVATION DE L’ENVIRONNEMENT

Le consortium ARM et AFEMIB a entamé la quatrième phase de son projet « Promouvoir l’égalité des genres et l’inclusion sociale des femmes et des filles dans les communautés minières artisanales et à petite échelle des régions du Centre-Ouest et du Plateau Central du Burkina Faso, à travers la sensibilisation, le plaidoyer et le renforcement des capacités économiques de 200 femmes et jeunes filles », financé par le Fonds Canadien d’Initiatives Locales (FCIL).

Pour le plateau central, il s’agit d’assurer des formations complètes sur le développement d’activités vertes génératrices de revenus au profit de 100 femmes membres des Associations de Femmes Exploitantes Minières Artisanales des sites de Kagtanga et de Nobsin, commune de Mogtédo.

Ces formations visent à promouvoir des activités vertes durables, en lien avec la fabrication de charbon écologique, ainsi que des compétences en gestion financière et en marketing, avec pour objectif principal, d’améliorer leurs moyens de subsistance tout en favorisant leur inclusion sociale et économique dans leurs communautés respectives.

La formation a débuté le 02 décembre 2024 par une séance théorique pour aboutir à la pratique.  C’est au total, 49 femmes sur 50 attendues qui bénéficient de la formation. La production du charbon écologique repose sur un processus en sept étapes, depuis la collecte des déchets ménagers jusqu’au séchage et au conditionnement, ce qui le rend idéal pour créer des AGR et promouvoir l’autonomisation des bénéficiaires.

C’est une alternative durable au bois et ses dérivés. Il est produit à l’aide de déchets biodégradables tels que les résidus agricoles (tiges de mil, enveloppes de maïs, coque d’arachide, tiges d’oseilles, feuilles mortes, herbes, etc.). Le matériel requis pour la fabrication du charbon est composé de Compacteur mécanique, Carbonisateur, fût, marmites, mortiers, seaux ; matériel de protection individuelle et une substance collante qui facilite le compactage des particules de poudre, tel que l’amidon du manioc.

Le charbon écologique offre des avantages environnementaux en réduisant la déforestation et les émissions de gaz à effet de serre, tout en favorisant l’assainissement urbain grâce à la collecte des déchets.  Sur le plan économique, il génère des revenus à toutes les étapes de sa production et coûte moins cher que le charbon ordinaire. Socialement, il constitue une opportunité entrepreneuriale pour les bénéficiaires.  C’est ce qui a prévalu au consortium de la proposer comme AGR.

De ce qui précède, le charbon écologique est une solution innovante et durable qui allie protection de l’environnement et développement économique. Il constitue une excellente AGR pour les femmes, tout en répondant à des enjeux sociaux et écologiques majeurs.

L’enthousiasme des bénéficiaires démontre le bienfondé de l’activité. Elles ont formulé des vœux de remerciements et d’espérance du mieux être à l’endroit du consortium.

MIASA et gouvernance minière : Une alliance entre universités, chercheurs pour le développement durable

MIASA et gouvernance minière : Une alliance entre universités, chercheurs pour le développement durable

Le Merian Institute for Advanced Studies in Accra (MIASA) a organisé les 27 et 28 novembre 2024, une conférence sur le thème de la durabilité dans le secteur minier en Afrique de l’Ouest. Cette rencontre, tenue à l’Université du Ghana, a rassemblé une soixantaine de participants, incluant des professeurs d’universités, chercheurs, représentants d’organisations de la société civile (OSC), et experts économiques, sociaux et politiques venus d’Afrique (Burkina Faso, Guinée, Sénégal, Ghana) et d’Europe (Allemagne, France, Suisse, Suède). L’objectif principal était d’explorer les dimensions de la durabilité dans le système mondial d’exploitation des ressources, avec un accent particulier sur l’EMAPE en Afrique de l’Ouest, tout en contribuant aux Objectifs de Développement Durable (ODD).

Déroulement de la conférence  : La conférence a été structurée autour de panels, de tables rondes, de la projection d’un film sur la mine de Kalsaka au Burkina Faso, et d’une visite d’un site minier semi-mécanisé dans l’est du Ghana. Ces activités ont mis en lumière les multiples défis de l’exploitation minière, qu’elle soit artisanale ou industrielle. Parmi les problématiques abordées figuraient :

  • La gouvernance des ressources minières,
  • Les impacts environnementaux, économiques et sociaux,
  • Les enjeux règlementaires et le commerce illicite de l’or.

Le film de Michel Zongo sur Kalsaka Mining a révélé les conséquences désastreuses d’une fermeture non réhabilitée d’une mine au Burkina Faso. Il a exposé des fosses ouvertes, des bassins de cyanure contaminant les sols et les nappes phréatiques, et l’absence de compensation équitable pour les populations locales. Cette situation illustre l’inefficacité des mécanismes de gestion des sites miniers abandonnés et soulève des questions sur la durabilité économique et écologique post-exploitation.

La visite à Kibi Gold Field, dans l’Est du Ghana, a permis aux participants de découvrir un exemple de transition réussie d’une exploitation artisanale vers une mine semi-mécanisée de taille moyenne. L’entreprise se distingue par ses efforts en réhabilitation environnementale, incluant le reboisement et la restitution des terres réhabilitées aux communautés locales, ainsi que par l’utilisation de techniques écologiques telles que des sluices gravimétriques sans produits chimiques. Malgré un effectif de 260 employés, avec seulement 5 % de femmes, la mine tente d’inclure leurs préoccupations dans les infrastructures sociales et les compensations, bien qu’aucun mécanisme spécifique ne soit en place. Les défis persistent, notamment la cohabitation avec des exploitants illégaux et des conflits fonciers, mais la mine affiche une ambition d’expansion et de durabilité dans ses activités.

Défis liés à l’exploitation minière en Afrique de l’Ouest

Exploitation artisanale et illégale : le cas des galamsey : Le phénomène des galamsey (exploitation artisanale illégale) au Ghana et dans les autres pays de l’Afrique de l’Ouest (Burkina, Mali, Senegal,..) incarne un dilemme majeur : faut-il interdire ou encadrer ces activités en Afrique de l’Ouest ? Une interdiction pure et simple pourrait protéger l’environnement mais marginaliserait des millions de personnes vivant de cette activité, risquant d’exacerber les tensions sociales et les pratiques clandestines. Une approche pragmatique privilégierait un encadrement strict, permettant de formaliser davantage l’exploitation, d’introduire des normes environnementales, d’améliorer les conditions de travail et de générer des revenus pour l’État. Cette démarche s’inscrit dans une vision de développement durable qui protège les communautés tout en préservant l’environnement.

Gouvernance minière et durabilité : La mauvaise gouvernance reste un frein majeur à la durabilité dans le secteur extractif. En Afrique de l’Ouest, les impacts négatifs de l’exploitation minière incluent :

  • Une faible application des textes règlementant les normes environnementales, entraînant une dégradation des écosystèmes et des pollutions sévères.
  • Une redistribution inéquitable des revenus miniers.
  • Le déplacement forcé des populations locales, aggravant leur précarité.
  • L’exclusion des femmes et des jeunes des chaînes de valeur minières, limitant le développement inclusif.
  • Une absence de stratégies claires pour une transition post-minière, compromettant l’héritage pour les générations futures.

Ces défis interrogent la viabilité de l’exploitation minière intensive, poussant certains participants à proposer une pause ou une meilleure régulation pour protéger les ressources et les communautés.

Rôles et responsabilités des acteurs : Les discussions ont conduit les participants à déduire que tous les acteurs du secteur extractif partagent une part de responsabilité dans les défis actuels :

  • États : Faiblesse des régulations et manque de volonté politique pour encadrer les exploitations artisanales. Les gouvernements peinent également à sensibiliser et soutenir les artisans miniers dans des démarches formalisées.
  • Compagnies minières industrielles : Leur faible contribution au développement socio-économique local contraste avec les profits réalisés, et elles négligent souvent la réhabilitation progressive des sites exploités.
  • Communautés locales : Vulnérabilité accentuée par l’ignorance des lois, l’analphabétisme et une mobilisation limitée face aux abus des industries minières.
  • OSC et ONG : Insuffisance des actions de sensibilisation et d’accompagnement des communautés affectées, avec parfois des manipulations qui alimentent des conflits ; manipulation des communautés…
  • Chercheurs : insuffisance de communication sur les produits de leurs travaux et leurs solutions innovantes pour une exploitation durable.
  • Institutions internationales : Soutien insuffisant aux populations et artisans miniers, ainsi qu’à la structuration des secteurs artisanaux.

Recommandations clés

  • Renforcer la gouvernance minière en Afrique : respecter simplement les lois, simplifier les procédures d’octroi de permis pour les artisans miniers, et intégrer davantage les chercheurs dans l’élaboration des politiques publiques.
  • Encadrer l’exploitation artisanale : Mettre des programme de formalisation du sous-secteur artisanal pour en limiter les impacts négatifs et améliorer les conditions de travail. Cela inclut la création d’espaces dédiés et le soutien financier des bailleurs.
  • Améliorer les pratiques environnementales : Introduire des technologies minières sans mercure, mettre en œuvre des programmes de reboisement, et instaurer des mécanismes d’assainissement des cours d’eau.
  • Promouvoir l’inclusion sociale : Renforcer la participation des femmes et des jeunes dans les chaînes de valeur minières, tout en sensibilisant les communautés à leurs droits et devoirs.
  • Soutenir la recherche : Encourager la diffusion et l’utilisation des résultats de recherches pour orienter le secteur extractif vers des pratiques durables.
  • Partager les bonnes pratiques : Créer des mécanismes de partage des connaissances et des expériences réussies entre pays et acteurs.

Conclusion : L’exploitation minière en Afrique de l’Ouest, qu’elle soit artisanale ou industrielle, joue un rôle clé dans le développement économique des régions concernées, notamment en termes d’emploi et de revenus pour les communautés locales. Cependant, les défis liés à la durabilité environnementale, sociale et économique restent importants.

Les impacts négatifs – destruction des terres agricoles, pollution des eaux, absence de réhabilitation des sites miniers – compromettent l’avenir des populations locales. L’absence d’alternatives économiques viables aggrave cette situation, nécessitant une approche plus inclusive et durable pour maximiser les bénéfices des activités minières tout en minimisant leurs conséquences négatives.

L’intégration de solutions innovantes, soutenues par des politiques inclusives et des partenariats entre États, chercheurs, OSC, et institutions internationales, est essentielle pour garantir un avenir durable au secteur extractif en Afrique de l’Ouest.

QUELQUES IMAGES

EXPLORATION DES BONNES PRATIQUES MINIERES : AGC REUNIT LES ACTEURS SUR LE SITE SEMI MECANISE DE LA SOCIETE DES MINES DU FASO (SOMIF) DANS LE IOBA

EXPLORATION DES BONNES PRATIQUES MINIERES : AGC REUNIT LES ACTEURS SUR LE SITE SEMI MECANISE DE LA SOCIETE DES MINES DU FASO (SOMIF) DANS LE IOBA

Le 23 octobre 2024, la délégation a poursuivi son voyage d’immersion sur le site semi-mécanisé de la Société des Mines du Faso (SOMIF), situé dans la commune de Guegueré. Ce site, d’une superficie de 1 km², est bien équipé en matériels et des équipements miniers.

Monsieur MAIGA Daouda, représentant d’AGC, a introduit la délégation et a donné la parole aux responsables présents. Le représentant de la société, El Hadj Barry, a chaleureusement accueilli la délégation, exprimant sa gratitude pour le choix de leur site. Il a remercié le ministère pour l’accompagnement constant dont ils bénéficient, ainsi que l’AGC et toutes les faîtières présentes. Monsieur le Coordonnateur d’AGC a également remercié le promoteur et son équipe pour leur disponibilité. Il a partagé l’objectif de cette démarche, qui consiste à montrer aux acteurs des pratiques responsables afin d’inciter à la formalisation.

Après les échanges préliminaires, le représentant de la société a permis à la délégation de visiter le site. La visite a commencé par un garage de collage, où les techniciens s’occupent de l’entretien des roues des grosses machines utilisées sur le site. Pour les réparations techniques, des garages externes situés à Ouagadougou sont mobilisés. Un garage de soudure, également présent sur le site, emploie des techniciens spécialisés pour la fabrication et la transformation de pièces selon les besoins spécifiques des opérations. Ces installations sont essentielles au bon fonctionnement des équipements mécaniques. Pour le remplacement de pièces, les commandes ou achats nécessaires se font directement à Ouagadougou ou ailleurs en cas de besoin. Ils collaborent avec Hage Matériaux, Burkina Équipement et d’autres prestataires.

En ce qui concerne les systèmes de traitement, le processus d’extraction de l’or débute par l’extraction du minerai à partir d’une fosse à ciel ouvert pour l’excavation des gisements. Le minerai est ensuite concassé et broyé pour réduire sa taille et libérer les particules d’or. La concentration de l’or s’effectue par flottation, utilisant des réactifs chimiques, et par séparation gravitaire, exploitant les différences de densité. L’extraction de l’or se fait principalement par cyanuration, où l’or est dissous dans une solution de cyanure, suivie d’une récupération par précipitation avec du zinc ou du charbon actif. Sur ce site, c’est le charbon actif qui est utilisé.

Au cours de la visite, plusieurs machines ont été observées, notamment une foreuse à percussion équipée d’un compresseur pour le sondage. Un marteau-piqueur, dont le rôle est de briser les roches et d’extraire le minerai, sert aussi à creuser des galeries et à démolir des structures rocheuses dans des espaces difficiles d’accès, facilitant ainsi l’extraction manuelle ou partiellement mécanisée. La tractopelle, machine polyvalente combinant une pelle à l’arrière et un chargeur à l’avant, sert à creuser, déplacer des matériaux, charger des camions et niveler le terrain.

Le broyeur à boulets, utilisé pour broyer des matériaux solides en fines particules, constitué d’un cylindre rotatif rempli de boulets (petites boules) qui frappent le matériau lorsqu’il tourne, provoquant sa fragmentation. Une dizaine de ces broyeurs est en activités sur le site. À côté, se réalise le conditionnement du minerai broyé dans des sacs de 50 kg qui seront acheminés dans les cuves de lixiviation. Cette activité est réalisée par des équipes de jeunes garçons.

Les cuves et bassins de lixiviation : Plusieurs cuves et bassins de grandes capacités sont installées dans l’espace de traitement du minerai. Le minerai broyé est traité par lixiviation, un procédé utilisé pour extraire des métaux d’un minerai en le dissolvant dans une solution cyanurée. La poudre est déposée dans les cuves, où l’on y ajoute la solution cyanurée, qui traverse le minerai, dissout les métaux, et le liquide contenant les métaux dissous est récupéré pour traitement. Les métaux sont séparés de la boue.

La délégation a également visité la fosse d’extraction du minerai. Le représentant de la société a indiqué que les tirs de dynamitage sont effectués conformément à la réglementation, en présence des agents de l’État chargés du suivi contrôle. À proximité de la fosse, se situe une zone de traitement gravimétrique par les sluices box. Cette tâche est réalisée par une équipe de plusieurs personnes composée d’hommes et femmes. Cette méthode de séparation des minéraux utilise un canal incliné (généralement des planches posées sur des barriques de façon inclinée vers un bassin). Le système consiste à utiliser de l’eau pour séparer les particules lourdes (comme l’or) des matériaux plus légers. Le flux d’eau entraîne les matériaux légers, tandis que les particules lourdes se déposent sur les tapis étalés sur la planche.

Concernant les relations avec les communautés riveraines et les propriétaires terriens, il a été constaté que la SOMIF entretient de bonnes relations grâce à un plan de développement social mis en œuvre par la société. Des concertations trimestrielles sont organisées entre les deux parties, et chaque année, les propriétaires terriens reçoivent une compensation financière (sorte de dividendes). De plus, des ouvrages sociaux ont été réalisés pour les communautés, incluant l’implantation de 9 forages d’eau, la construction de 3 écoles, ainsi que divers soutiens pour des événements sociaux et pour les élèves vulnérables. Des activités de reboisement sont également effectuées dans le village ou à des emplacements désignés par les responsables communaux. Ces actions s’inscrivent dans une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), soulignant l’engagement de la SOMIF envers le développement durable et le bien-être des communautés.

Des questions sur les aspects techniques et la cohabitation sociale avec les riverains ont été débattues. Recommandations : Monsieur Barry exhorte les autorités à les accompagner davantage dans leurs activités car il y a des difficultés souvent pas faciles à surmonter.

Constat d l’AFEMIB : La présence des femmes sur les sites semi-mécanisés se limite à des tâches de cuisine et de nettoyage, ce qui suscite des inquiétudes pour l’AFEMIB concernant leur représentativité dans ce secteur, notamment avec l’introduction de nouvelles technologies. Il est crucial que les promoteurs des sites et l’État mettent en place des politiques favorisant l’inclusion des femmes dans divers rôles, au-delà de ces tâches traditionnelles. Cela implique des programmes de formation pour développer leurs compétences techniques et de gestion, des conditions de travail adaptées, et un engagement envers la diversité. L’AFEMIB souligne également l’importance pour l’État de fournir aux femmes des équipements adéquats et des zones de travail dédiées pour l’exploitation de l’or. Cela favorisera leur autonomie, leur inclusion dans le secteur minier et la création de nouvelles opportunités économiques. L’AFEMIB est prête pour accompagner les femmes à s’organiser en coopératives en vue de bénéficier de l’accompagnement de l’Etat.

L’AFEMIB tient à exprimer sa profonde gratitude à AGC pour cette initiative enrichissante, ainsi qu’au ministère des Mines pour son soutien constant. Nous remercions également toutes les faitières de l’artisanat minier et tous les participants à ce voyage d’immersion pour les bons moments partagés.

Un remerciement spécial à l’endroit des responsables de la SOMIF, qui ont généreusement partagé leur savoir-faire avec d’autres acteurs. Leur engagement à promouvoir le développement économique du Burkina Faso à travers la mine semi-mécanisée est véritablement inspirant.

Merci à tous pour votre contribution à cette belle initiative !

Mme KABRE