Ce mardi 6 décembre 2022, l’AFEMIB a participé à un atelier de partage d’expériences sur l’orpaillage organisé par ORCADE. L’accent a été mis sur les stratégies de retrait des enfants des sites d’orpaillage : expérience du CCEEB à travers une communication faite par Monsieur ILBOUDO.
Il faut rappeler que la présence des enfants sur les sites miniers artisanaux est un fléau qui touche notre pays qui totalise près de 800 sites implantés dans presque tout le territoire burkinabé. Parmi les problématiques de l’orpaillage, il y a les abandons des classes au profit des sites miniers artisanaux. Déjà en 2016, lors d’une table ronde organisée par l’AFEMIB, le DPENA de la Kompienga a indiqué que 27 élèves avaient abandonné les classes entre mars et juin 2016 sur le site de Tindangou à Pama.
L’atelier a connu la participation de 24 acteurs et actrices (7 femmes) du secteur minier artisanal, d’ONG et autres personnes ressources, et les discussions ont porté autour de l’expérience du CCEEB. Pour toutes fins utiles, le CCEEB a pour ambition d’influencer les politiques et pratiques éducatives pour l’accès et le maintien à une éducation gratuite et de qualité des enfants au BF. Dans ce cadre, elle développe des initiatives de retrait et de réinsertion des enfants dans le cursus scolaire. La stratégie utilisée est basée sur la sensibilisation sociale et la participation communautaire à travers la mise en place de commissions villageoises pour les causeries éducatives et le suivi des activités de maintien des enfants hors des sites. 95 enfants dont 33 filles ont été retirés et réinsérés dans le système scolaire ou professionnel. Des gouvernements scolaires, clubs de filles, jardins scolaires, des AGR pour les femmes constituent des mécanismes de maintien des enfants hors des sites, engagés par le CCEEB.
Pour l’ANEEMAS, l’introduction des cartes d’orpailleur qui limite l’âge d’accès au site à 18 ans, les conventions de gestion des sites et les technologies d’exploitation semi mécanisé constituent des formes d’interdiction des enfants sur les sites miniers, car n’ayant pas leur place dans la chaine de traitement. Autres acteurs comme l’AFEMIB et les faitières des syndicats des orpailleurs ont partagé leurs expériences en la matière. L’AFEMIB a parlé de son projet YEOU qui a utilisé les parents pour éloigner les enfants du site. 50 personnes dont 10 hommes ont bénéficié d’appuis divers pour diversifier leurs sources de revenus et comprendre la nécessité d’assurer une éducation scolaire à leurs progénitures. L’ONASSIM, n’étant pas encore opérationnel n’a pu mener des actions dans le sens du retrait des enfants des sites.
Des questions, contributions et commentaires des participants ont permis de mettre en exergue certaines difficultés sur le terrain d’où la nécessité d’impliquer tous les acteurs, leaders, OSC et ONG pour perpétuer les acquis et mener des actions de prévention contre la présence des enfants sur les sites. Il est ressorti que la mobilité rend souvent difficile la pérennisation de certains acquits. La crise sécuritaire s’est invitée dans les débats, l’arrivée des PDI sur les sites augmente le nombre d’enfants, rendant certaines initiatives laborieuses.
L’activité a pris fin avec quelques suggestions : création de poste de santé mobile sur certains sites, fédération des intelligences sur le terrain, l’opérationnalisation des comités locaux de vigilance, augmentation de la superficie et la durée de validité des AEA, la révision du système éducatif, la révision des missions de l’ANEEMAS, l’opérationnalisation de l’ONASSIM…. Tout ceci pourrait contribuer à résoudre la problématique de l’orpaillage.
Lucie KABRE